mercredi 22 février 2017

Résumé de Module 7 « Développement Durable »

Au début de 2017, je me suis inscrit à Coursera pour le cours « Développement Durable » qui consiste en huit modules :l'économie, la démographie, l'énergie, les ressources minérales, le climat, l'eau, l'agriculture et finalement un module de devoirs.

Voilà, le résume du module 7 sur l'agriculture.

Module 7 Agriculture


L’enjeu est aujourd’hui de produire des matières premières diversifiées, sans dommage pour notre cadre de vie, ni pour les potentialités productives de notre environnement, bref, d'une façon durable. La production mondiale actuelle permet de répondre à la demande mondiale en termes de nutrition. Il faudrait en effet en moyenne 200 kg de céréales/hab./an pour que chacun puisse se nourrir correctement. Or, la production mondiale actuelle permet de fournir 330 kg de céréales/hab./an. Alors, il y a un excédent de 130 kg sur les besoins minimaux pour nourrir la totalité de la population mondiale ! Malheureusement, en 2011, 925 millions de personnes souffraient encore de sous-nutrition. La figure ci-dessous montre les besoins caloriques dans le monde à l’horizon 2050.

Les besoins caloriques dans le monde à l'horizon 2050

La véritable origine de la faim dans le monde est la pauvreté. Les populations pauvres des pays en développement sont doublement pénalisées : leur sous-équipement entraîne une productivité trop faible et leur compétitivité reste insuffisante. Pourtant, c’est en Afrique, en Asie et en Amérique Latine que les besoins caloriques vont aller aggrandir.

L’excédent de 130 kg est largement utilisé pour la production d’alimentation du bétail et d’agrocarburants. La forte demande de viande entraîne une augmentation de la production végétale pour nourrir les bêtes. Cette demande en viande est croissante et détourne donc de plus en plus la production végétale pour la production animale. L’autre partie de ce surplus de 130 kg est destinée à la production d’agrocarburants (betterave, canne à sucre, blé). Ça diminue aussi la quantité de terres disponibles pour la nourriture à destination des hommes. Ces agrocarburants va augmenter de manière colossale la demande de production végétale et pousse à l’accroissement de l’agriculture intensive.

Le problème de la faim dans le monde ne se trouve donc pas dans le manque de production, mais dans l’accès aux denrées. Les denrées agricoles sont devenues des matières premières, comme le gaz, les métaux précieux ou le pétrole. Elles peuvent être sujettes à des modifications fréquentes de prix. Elles s’échangent donc à la bourse mondiale des produits alimentaires qui est située à Chicago. Leur prix fluctue en fonction d’un grand nombre de facteurs : tensions géopolitiques, demande croissante, catastrophes naturelles, sécheresses ou encore spéculation.

La définition d’une alimentation de grande qualité gustative, sanitaire et environnementale n'est pas la même pour les pays du Nord et ceux du Sud. Pour les pays du Nord, il est d’abord nécessaire de répondre aux peurs et aux craintes de la population quant à la dégradation de la qualité sanitaire. Ces craintes sont liées aux différentes dérives ou scandales alimentaires de ces dernières années : dioxine dans le poulet, pesticides sur les légumes, scandale de la vache folle, traces d’hormones dans la viande ou le lait, minerais de viande de cheval dans les plats industriels. En revanche, pour les pays du Sud, qualité signifie avant tout accès à 2 200 kcal par jour, ce qui représente les besoins énergétiques moyens de chaque individu.

Pour être durable, l’agriculture doit fournir des services environnementaux et n’occasionner aucun dommage pour notre cadre de vie et atténuer l’émission de gaz à effet de serre. En effet, l’agriculture est aussi un secteur fortement émetteur de gaz à effet de serre, et contribue à hauteur de 13 % du total des émissions dans le monde. Plusieurs phénomènes expliquent ces émissions :
  • La minéralisation organique et la disparition de l’humus qui désigne la couche supérieure du sol créée et entretenue par la décomposition de la matière organique par l’action combinée des animaux, des bactéries et des champignons. À chaque fois que l’on retourne le sol par le labour, l’humus se retrouve aéré et le carbone qu’il contient retourne à l’état de CO2.
  • Les émissions de méthane qui sont liées à la fermentation anaérobie dans les rizières, la fermentation du carbone des bovins, ou encore au fumier.
  • Les émissions de protoxyde d’azote (N2O, 50 % des émissions gaz à effet de serre en équivalent carbone) liées pour l’essentiel à l’épandage d’engrais azotés de synthèse et à la manutention du fumier (épandage, etc.).
D’ailleurs, l’agriculture pourrait à l’inverse permettre de diminuer les émissions de GES en stockant une partie du carbone dans les sols.

À l’échelle mondiale, les paysans appauvris qui ne peuvent pas être compétitifs sur leurs terres migrent vers les villes ou les bidonvilles, ou vers les forêts, comme au Brésil ou au Cameroun, ou vers les pays les plus riches. Les mouvements migratoires sont massifs, intempestifs, désordonnés, et l’émigration souvent non choisie est contrainte par la pauvreté. Certaines migrations entraînent donc la déforestation des dernières forêts et, dans ce cas, ces paysans appauvris qui sont à l’origine des déforestations.

Le contexte agricole actuel


Le secteur a causé une détérioration des écosystèmes : déforestation, érosions des sols, pollution et épuisement des eaux de surfaces et souterraines et pertes de biodiversité. L’urbanisation et la reforestation expliquent un grignotement progressif des terres agricoles ce qui mène à une raréfaction des terres agricoles. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, 1,5 milliards d’hectares de terres sont actuellement cultivés et 4,2 milliards d’hectares sont cultivables. Le terme cultivable signifie que ces terres ont été un jour cultivées et ces terres cultivables sont peut-être redevenues forestières. Des terres trop usées par l’agriculture intensive ou extensive sont aussi désertées. Il va donc falloir réussir à produire davantage sur la plupart des hectares de terres actuellement cultivées et par conséquent intensifier la production, dans le sens produire plus par hectare de terre cultivée.

En même temps, on observe une raréfaction de nombreuses ressources naturelles non renouvelables et l’accroissement de leur prix, comme, du phosphore. On pourrait atteindre d’ici quatre à cinq décennies un pic d’exploitation des mines de phosphate. Le phosphore est nécessaire aux hommes, aux animaux et aux plantes. Les coûts d’exploitation vont donc augmenter et la spéculation risque d’entraîner une forte volatilité des prix.

Les « solutions » du passé


Les solutions du passé sont la recherche a haut potentiel de rendement photosynthétique, la priorité aux économises d'échelles et la spécialisation exagérée.

1) La recherche à haut potentiel de rendement photosynthétique

On a investie des sommes très importantes dans la recherche à haut potentiel de rendement photosynthétique à l’hectare pour que les agronomes mettent au point un nombre limité de variétés qui puissent pousser sur de très vastes espaces, afin d’amortir l’investissement de la recherche génétique, et ce rapidement. Les agronomes ont donc cherché à éliminer les particularités locales des espèces, afin que ces dernières puissent pousser dans le plus grand nombre d’endroits possibles.

2) La priorité aux économies d’échelles

La priorité aux économies d’échelles a résulté en des conséquences environnementales et économiques. L’industrie agroalimentaire ou les grandes surfaces leur imposent des cahiers des charges, dont le but est d’établir les règles à suivre pour produire à moindre coût et donc réaliser des économies d’échelles, soit produire plus avec moins, standardiser les produits, notamment pour traiter plus vite les processus industriels. Des standards sont ainsi imposés, et l’agriculteur est contraint de s’y soumettre. L’industrialisation et notamment la mécanisation obligent à produire du standard pour les machines de tri, de découpe, etc. Les économies d’échelle ne se contentent pas d’un impact environnemental élevé, elles ont également un impact majeur sur la concurrence entre paysans.

Sur les 1,3 milliards d’exploitations agricoles dans le monde, nous en comptons 800 millions exclusivement manuels, et 500 millions avec traction animale, contre seulement 30 millions d’exploitations sont moto mécanisées. Bien évidemment, ce sont ces premières qui sont tenues par les agriculteurs pauvres qui ne peuvent pas investir dans un matériel très sophistiqué. Les écarts de productivité sont donc énormes.

3) Spécialisation exagérée

La spécialisation exagérée a mené à une simplification et une fragilisation extrême des écosystèmes. La liste des variétés à haut rendement a été établie de manière expérimentale, mais ce rendement n’était possible que dans les conditions parfaites de l’expérimentation. Il y a une rupture complète avec la pratique actuelle : autrefois les plants étaient adaptés au micro-environnement, aujourd’hui c’est l’inverse. On met à disposition des agriculteurs très peu de variétés, et ils doivent adapter leur environnement à ce faible nombre de variétés.

Il y a donc un phénomène d’artificialisation : or tout écosystème simplifié à l’extrême, sans aucune espèce concurrente ni prédatrice, s’avère extrêmement fragilisé. La durabilité de la sélection génétique pose également problème. Effectivement, lorsque chaque année est épandu un pesticide contre un insecte piqueur-suceur, il arrive un moment où l’un d’entre eux peut muter et résister au pesticide. N’étant plus concurrencé par les autres insectes, il prolifère. Après l’application du premier pesticide, au bout de quelques années, il faut donc une deuxième molécule de pesticide… et le phénomène se reproduira à nouveau et de nouvelles molécules seront toujours nécessaires. Le coût peut s’avérer extrêmement élevé pour pallier ces mutations. Aujourd’hui, la sélection scientifique engendre une très faible biodiversité culturale.

Pour réaliser des économies d’échelles, ensuite, l’agriculteur peut décider d’investir dans de gros équipements. Se développe alors une agriculture spécialisée, aussi bien à l’échelle de l’exploitation agricole qu’à l’échelle des régions. Ce phénomène entraîne l’absence de polycultures au niveau régional, ce qui pose des problèmes environnementaux.

On présente un exemple qui illustre la dissociation des cultures et de l’élevage et qui a donc engendré la rupture des cycles biochimiques complémentaires du carbone et de l’azote. Cet exemple montre aussi comment la France importe actuellement de l’azote, à travers les protéines du soja, du Brésil et d’autres pays américains, pour ses élevages bretons. Ce qui engendre une surconcentration en azote dans le sol. En même temps, on fertilise le blé picard à l’aide d’azote de synthèse créé à partir du gaz russe ou norvégien !


L’état actuel de la France


La France, en trente ans, est passée d’une culture basée sur le principe de rotations diversifiées – ou de prairies à couverture végétale quasi permanente – à la monoculture. Les conséquences sont évidentes : érosion et pollution des nappes phréatiques… Même si l’origine de l’érosion est souvent difficile à établir en raison des multiples facteurs qui en sont responsables. La perte du patrimoine humus a un coût extrême et des conséquences souvent irréversibles sur les sols français. Moins il y a d’humus, plus le sol est sensible à l’érosion : plus il perd sa stabilité structurale et moins il retient l’eau ; celle-ci ruisselle et ne s’infiltre pas.

L’usage de pesticides pose un problème aussi. L’exposition de longue durée aux pesticides aboutit à terme à des cancers et à des effets neurologiques.

Le défi de l’irrigation. L’accès à l’eau de la nappe phréatique pour les cultures est problématique. Nous sommes clairement ici face à la tragédie des communs ; dès qu’une ressource naturelle est accessible à tous les membres de la communauté, ces membres en font souvent un usage abusif. Dans le cas de l’irrigation, c’est celui qui aura la motopompe la plus puissante qui pourra prélever le plus d’eau dans la nappe phréatique.



Principales causes de la non durabilité

La mise en œuvre de nouveaux systèmes de production agricole


Pour améliorer la durabilité, on peut mettre en oeuvre différentes nouveaux systèmes de production. Ci-dessous, on présente quatre options : utiliser plus des ressources naturelles renouvelables, mieux assurer la qualité et la pérennité des sols, réassocier agriculture et élevage et mieux gérer les eaux de pluies.

Faire un usage le plus intensif possible des ressources naturelles renouvelables, énergie solaire, carbone, azote de l’air, etc.

Intensif ne veut pas dire ici chimique. L’objectif est de faire un usage le plus intensif possible de l’énergie solaire et le moins intensif possible des énergies fossiles. Le sol devrait être entièrement couvert par des végétations cultivées peu de temps après les premières pluies. Pour recouvrir les terres au plus vite, il faudrait mélanger et associer plusieurs espèces dans un même champ. Évidemment, il faut trouver la bonne combinaison afin que les plantes ne se fassent pas concurrence. Cette association culturale est savante : il faut regrouper plantes rampantes, plantes érigées, plantes d’ombre et de soleil. Les associations de cultures permettent aussi de créer des microclimats (qui, par eux-mêmes, sont extrêmement humides) et elles aident à protéger vis-à-vis des agents prédateurs par former des barrières sanitaires. Si l’un d’eux souhaite s’attaquer à l’une des espèces, il aura trois à quatre barrières de plantes à franchir avant de pouvoir manger à nouveau la même plante. Les insectes ne peuvent donc ni ravager les cultures, ni proliférer. On peut dire que ces plantes se protègent les unes des autres.

Le défi : de nouveaux systèmes de production

Assurer la qualité et la pérennité des sols

Assurer la qualité et la pérennité des sols (favoriser la fixation biologique de l’azote, maintenir et même accroître le taux d’humus, la stabilité structurale et la capacité de rétention de sols, réhabiliter la microbiologie des sols). Les agriculteurs ne devraient pas être incités à agrandir leur exploitation en faisant des économies d’échelles et de la monoculture. Au contraire, il faudrait rétablir l’agriculture et l’élevage et ce, non pas à l’échelle d’une exploitation, mais à l’échelle d’un territoire. Cette coexistence culture élevage permettrait de gérer en circuit court les cycles du carbone, de l’azote et de l’eau entre agriculteurs d’un même terroir. Pour ce faire, il faudrait remettre de la luzerne, du trèfle, du lotier ou d’autres légumineuses dans les régions céréalières. Prenons le cas de la luzerne : elle permet une forte fertilisation azotée pour les cultures qui se succèdent sur le même champ et supprime une grande partie des mauvaises herbes pour l’année suivante.

Le problème est qu’actuellement les cultivateurs souhaitent s’agrandir et non pas mettre en place des élevages. La seule façon de produire du blé compétitif n’est pas d’augmenter le rendement, mais de diminuer le coût. Dans les faits, certains agriculteurs français se délocalisent en Ukraine pour diminuer leur coût de production et devenir compétitifs car, en France, il est aujourd’hui quasiment impossible de l’être sans herbicide ou engrais azotés de synthèse. Ces achats de terres à l’étranger engendrent souvent un problème de développement social.

Réassocier agriculture et élevage, au moins à l’échelle des microrégions.

Cette association signifie, en France, moins de production animale en Bretagne et davantage dans le Bassin parisien. Ce rééquilibrage permettrait d’augmenter le taux d’azote et la quantité d’humus. Cette association est nécessaire, car la monoculture céréalière détruirait une très grande partie de l’humus d’ici trente ans.

En termes économiques, la concurrence parfaite correspond, entre autres, à l’inexistence de monopoles et une absence d’externalités. Or, nous en sommes loin en France où les monopoles et les oligopoles sont souvent peu soucieux des externalités négatives.


Gérer au mieux les eaux de pluies : favoriser leur infiltration dans les sols

La gestion des eaux pluviales est un véritable enjeu. Il faudrait faire en sorte que l’eau pluviale entre dans le sol et soit stockée le plus longtemps possible dans la couche arable.

Vers une nouvelle Politique agricole commune


La Politique agricole commune a commencé par subventionner l’exportateur pour qu’il puisse vendre à bas prix et continuer à acheter des produits agricoles aux prix élevés d’autrefois. Ainsi la subvention à l’exportateur retournait en quelque sort au producteur. Ces subventions ont logiquement été qualifiées de dumping et dénoncées par les instances internationales de commerce : le GATT à cette époque qui est devenu l’OMC en 1994.

À l’heure actuelle, les agriculteurs touchent donc des aides directes appelées droits à paiement unique qui sont découplées de la production et établies en fonction du nombre d’hectares de terres. Ainsi, même s’il ne sème pas son blé, l’agriculteur reçoit l’aide de la PAC, parce qu’à une certaine époque on y semait du blé ! Les prix quant à eux se sont alignés sur les prix internationaux. Le premier pilier de la PAC coûte quelque 9,5 milliards d’euros en subventions directes à l’agriculture française. Le Brésil, l’Argentine, etc. continuent à qualifier cette politique de dumping. En outre, on ne peut pas vraiment dire que l’agriculture française soit concurrentielle face à d’autres pays.

La PAC a fait grand tort aux pays du Sud. On ne se rend pas toujours compte de l’écart de productivité entre une récolte manuelle et une récolte à la moissonneuse-batteuse.

Une nouvelle politique agricole commune

Pour conclure

Pour conclure, il faut aussi promouvoir les circuits courts, ce qui représente une totale réorganisation du système et son amélioration. Ils permettent en effet :

  • Une réduction du coût énergétique du produit en minimisant les distances ;
  • Un développement social en étant créateur d’emploi, de lien humain et un facteur d’insertion professionnelle ;
  • Un développement local en favorisant l’économie régionale et en aménageant les territoires ;
  • Un attrait certain pour les clients, toujours plus nombreux à faire confiance au local plutôt qu’aux produits qui viennent de loin ;
  • Une préservation de l’environnement en permettant notamment le développement d’une agriculture biologique qui converse les sols, les eaux et la santé des professionnels.



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