jeudi 23 février 2017

Résumé de Module 2 « Écologie politique »

Au début de 2017, je me suis inscrit à Coursera pour le cours « Écologie politique » qui consiste en quatre modules  :
  1. Les maux et les mots de l’écologie
  2. Les différents courants de l’écologie politique 
  3. De l’écologie politique au développement durable
  4. Le courant institutionnaliste de l’écologie politique et le problème auquel il cherche à répondre : l’incapacité des démocraties à gérer le long terme
Module 2 a trois objectifs. D’abord, savoir discerner les grands courants de l’écologie politique. Ensuite, analyser les courants d’idées de l’écologie politique indépendamment des partis politiques institués et finalement, analyser les courants internationaux et non pas au sein d’un territoire national. Voilà, le résumé du module 2.

Module 2  Les différents courants de l’écologie politique

Écologie politique et décroissance

Toutes les formes d’écologie politique conçoivent une forme de décroissance, il est évident que les flux de matières et d’énergie doivent décroître. John Stuart Mill au XIXe siècle imaginait déjà qu’on aurait l’intelligence, à un moment donné, une fois qu’on aurait satisfait le gros de nos besoins essentiels, de passer à une économie stationnaire. Plus tard, le penseur Georgescu-Roegen opposait la décroissance à la défense par d’une économie plutôt stationnaire.

La substituabilité est un des points de désaccord principal entre durabilité forte et faible. La durabilité faible estime que les capitaux sont interchangeables, au contraire de la durabilité forte. La durabilité forte conduite à décroissance pour préserver les grandes caractéristiques des écosystèmes.

Le courant malthusien


Malthus était un grand chercheur britannique qui se focalise sur la question de la population. Il a remarqué le fait que la population croît de manière géométrique alors que la production alimentaire, quant à elle, croît de façon arithmétique. Quelques auteurs malthusiens très connus :

  • Osborn, « Our Plundered Planet » (1948)  
  • Vogt, « La faim du monde » (1950), « Road to Survival » (1984)
  • Ehrlich, « The Population Bomb » (1968) 
  • Emmott, « 10 billion » (2013)

Il y a une grande différence entre le diagnostic qu’on peut poser aujourd’hui et celui que posait Erlich. Par exemple, depuis 1985, on peut constater qu’on a une augmentation de la production de céréales qui est minime alors qu’on est toujours confrontés à l’élévation importante de la démographie. En effet, il y a d’autres raisons de s’inquiéter sur l’affaiblissement à venir de nos capacités de production alimentaire.

Garrett Hardin c’est l’auteur de la « Tragédie des communs » et il a aussi publié « Living on a Lifeboat » (1974). L’idée, c’est que les États-Unis sont un petit canot de sauvetage. On y est très bien et effectivement, si on y laisse venir les pauvres du Tiers-Monde, qui se reproduisent de façon prolifique, ce canot lui-même va devenir un enfer avant d’échouer et de couler lamentablement.

Le courant malthusien est focalisé sur l’explosion de la démographie humaine et parallèlement sur la production alimentaire. Il existe une responsabilité différenciée entre les pays riches et pauvres concernant les grandes dégradations en termes de flux de matières et d’énergie. En revanche, le déséquilibre entre riche et pauvre est quasi nul quant à l’empreinte sur la biodiversité,

Le courant arcadien


Arcadie est une région de la Grèce qui désigne dans la tradition le lieu de l’âge d’or. Le courant arcadien est avant tout préoccupé par le bien-être humain. Ce sont les aménités et les plaisirs de l’existence, le pouvoir se développer de la façon la plus entière possible. C’est le courant le plus représenté en France.

Le courant arcadien a pour objectif d’aboutir à une existence individuelle et collective de la plus grande qualité possible. Le courant attache peu d’importance au flux de matières et d’énergie. Ce qui importe, c’est l’épanouissement individuel au sein de la collectivité et la qualité de vie. Le courant est rattaché à trois personnalités en particulier, Bertrand de Jouvenel, Ivan Illitch et André Gorz. Ils mettent la plénitude de l’existence, les aménités de l’existence et la recherche du sens et de l’autonomie au cœur de leur discours.

Bertrand de Jouvenel n’entend pas, par écologie politique, un mouvement d’idées politiques. Il entend par écologue politique ce qui devrait se substituer. Ivan Illitch, il, il est un écrivain connu par sa critique des grandes machines, au sens technique et au sens d’organisation sociale.

André Gorz, c’est un écrivain qui oppose aux grandes machines ce qu’il appelle « les outils conviviaux ». Un outil convivial, c’est un outil qu’on peut comprendre, qui ne vous conduit pas à rendre votre vie plus abstraite, mais qui va vraiment vous permettre de développer votre autonomie. Il expose une écologie « expertocratique », une écologie obsédée par les chiffres, par la connaissance objective contre une écologie qui n’ignore pas les contraintes du monde matériel. Il essaye de montrer qu’on peut en produisant moins, gagner en termes d’autonomie et de qualité d’existence.

Le courant autoritaire


Le point de départ du courant autoritaire, c’est le constat d’incapacité des systèmes politiques démocratiques représentatifs à faire face aux grandes difficultés écologiques. Seul un régime autoritaire est capable de restaurer une certaine maîtrise du pouvoir politique sur les techniques. La principale figure du courant autoritaire est le philosophe allemand, Hans Jonas. Il est l’auteur de l’ouvrage « Principe Responsabilité », une éthique pour la civilisation technologique.

Selon Hans Jonas, le régime démocratique est un régime inadéquat. La consommation de chacun, le consumérisme généralisé, augmente les flux de matières et d’énergie et elle fragilise complètement le système biosphère. Il écrit son livre à la fin de la décennie 70, avant l’effondrement du bloc de l’Est. À ses yeux, les démocraties représentatives libérales sont incapables d’assumer la responsabilité pour le futur, parce qu’elles ont comme moteur l’accroissement de la richesse matérielle du plus grand nombre. En revanche, côté Est, on a affaire à des régimes autoritaires, et les populations sont déjà habituées à « une certaine forme de frugalité ». Donc, ce sont les régimes de l’Est qui doivent constituer le cadre à partir duquel de nouveaux régimes écologiques pourraient apparaître. On doit instaurer une tyrannie bienveillante et bien informée. Alors, une petite élite doit s’emparer du pouvoir sans avoir aucun compte à rendre au peuple et sans hésiter à recourir au pieux mensonge. Ça conduirait à une réduction de la consommation et des flux de matières et d’énergie. C’est clair que cet autoritarisme a un caractère inapproprié face au problème qu’il prétend résoudre.

Le courant apocalyptique


Avec la publication du Club de Rome, on a vraiment l’impression que l’apocalypse est sur les rails. Le scénario standard du rapport au Club de Rome montrait que l’ensemble des cinq courbes retenues s’inversent entre 2020 et 2040. Ça a fait naître le « survivalisme », un courant puissant aux États-Unis dès les années soixante-dix. Ce courant, en pleine effervescence, se nourrit de l’incapacité de nos sociétés à faire face au changement climatique. Il est à la fois une réaction à l’ère atomique et à la croissance effrénée de la consommation mondiale.

L’écrivain Jean-Pierre Dupuy a introduit l’idée du « catastrophisme éclairé ». C’est l’idée dans laquelle on se trouve de ne pas arriver précisément à penser l’apocalypse, à ne pas arriver à penser le futur, de faire comme si la catastrophe était quasi inévitable pour se donner tous les moyens de l’éviter.

Aujourd’hui, est devenue à la mode ce qu’on appelle la « collapsologie ». Ce sont les études de l'écroulement, comment s’y confronter, comment le comprendre, comment imaginer. L’écroulement n’est pas la disparition de l’humanité, c’est comment imaginer des reconstructions possibles, sur quelles bases. On a affaire à un courant de l’écologie politique qui est en pleine ébullition.

Le courant institutionnaliste


Le courant institutionnaliste, c’est l’attitude contraire à la conception autoritaire qui tourne le dos en quelque sorte à la démocratie. Le courant institutionnaliste considère la démocratie comme une valeur en soi. On essaye d’envisager quelles sont les réformes que l’on peut faire, en quoi l’on peut transformer nos institutions politiques pour qu’elles parviennent à mieux répondre aux défis écologiques immenses.

Alors, le courant institutionnaliste envisage, au contraire du courant autoritaire, les réformes possibles susceptibles de transformer les institutions politiques pour répondre au défi écologique. On distingue trois postures possibles : rester à l’intérieur des institutions représentatives et trouver des améliorations, se tourner vers les procédures participatives et finalement, adjoindre les institutions ni représentatives ni participatives, c’est-à-dire trouver des solutions tierces. Pour finir, le courant institutionnaliste n’exclut pas non plus la question d’effondrement.

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