lundi 31 octobre 2016

La septième fonction du langage de Laurent Binet

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La lecture a été une expérience intéressante et surtout agréable. C’est un roman policier hors du commun qui est tantôt amusant et léger et tantôt captivant et dur.

L’histoire se déroule au début des années 80 du siècle dernier. L’histoire offre un mélange de fiction et de personnages réels, comme les politiciens et les écrivains de cette époque du président Giscard d'Estaing. Un écrivain français célèbre décède après avoir été blessé dans un accident de la route à Paris. Après cet accident, un document important et secret manque, alors, l’accident, peut-être il était en effet un meurtre ? C’est le policier Jacques Bayard qui va examiner le cas, assisté par Simon Herzog, un scientifique linguistique. Ensemble, les deux chercheurs essaient de résoudre le cas et de retrouver le document secret. Au début, Simon est encore peu disposé à assister un flic, mais plus tard il contribuera de plus en plus à la recherche. Le récit du polar est mêlé à la linguistique par voie d’un concours secret et mystérieux pour lequel le document manquant pourrait avoir une grande valeur.

J’ai surtout aimé le sens de l’humour du livre, de temps en temps il est vraiment très drôle. Je crains que je n’aie pas compris tous les références aux écrivains et événements typiquement français de cette époque. En revanche et bien sûr, j’ai reconnu la plupart des références aux événements et à la musique de ce temps, il y a 35 ans. Or, je suis sûr aussi que je n’ai pas saisi au moins la moitié des textes sur la sémiologie. Ça ne m’a pas empêché d’aimer la lecture, le livre reste amusant et intéressant même sans comprendre tout.


lundi 24 octobre 2016

Éducation européenne de Romain Gary

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L’histoire se déroule en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. Un garçon de quatorze ans se va cacher aux occupants allemands. Pour cela, son père et lui ont creusé une cachette souterraine dans une forêt. Au début, le père lui visite chaque jour pour lui apporter de la nourriture. Cependant, après quelque temps, pour une raison inconnue, son père ne vient plus. C’est pourquoi, par la force des choses, le garçon se joint aux partisans polonais. Il y a beaucoup de petits groups de partisans dans la région qui, ensemble, constituent la résistance armée polonaise. Malgré son jeune âge, le garçon est admis dans un groupe hétéroclite de partisans.

La vie d’un partisan polonais est une vie très dure. Surtout en hiver, quand on doit survivre au froid terrible, lutter contre la neige et trouver de la nourriture dans les villages en évitant les troupes allemandes. Les partisans attaquent les soldats allemands et effectuent des attentats visant d’infrastructure comme de ponts et de chemins de fer. Chaque attentat et chaque soldat allemand assassiné aboutent à des sanctions allemandes sévères, car les Allemands, ils fusillent des otages innocents et détruisent des villages comme punition collective. Bref, la guerre de partisans est une lutte terrible et effrayant. Malgré ces circonstances exigeantes, le garçon se plie rapidement et commence à participer aux activités du groupe. D’abord, il travaille surtout comme messager, mais plus tard il va entreprendre des tâches plus dangereuses.


Le livre se compose de petits chapitres et est étonnamment léger, malgré les événements terribles, les attaques sanglantes, les cruautés, les morts d’innocents et les trahisons. C’est une histoire simple et facile à lire mais qui est prenante quand même. Les personnages sont hauts en couleur. Tous les événements, les déceptions et les trahisons, ils sont décrits de façon simple sans que le récit perde son pouvoir. On pourrait comparer le style du livre à l’écriture de « La vie devant soi » du même auteur. J’ai aussi aimé les petits contes que les partisans racontent les unes les autres quand ils se trouvent ensemble autour du feu de bois dans leur campement.

mercredi 19 octobre 2016

Ourania de J. M. G. Le Clézio

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Daniel est un géographe français qui séjourne quelques mois en Mexique pour son travail. Il consacre son temps à mettre en carte le terrain d’une vallée dans une région qui se trouve lointain de la capitale. Là-bas, en province, il rencontre des autres scientifiques, des anthropologues et des sociologues mexicains. Ils habitent la même vallée pour étudier les usages et les rituels de la population locale en collaboration.

En effet, Daniel raconte deux histoires dans le livre. D’abord, il partage ses impressions et expériences pendant son séjour en Mexique. Ce sont surtout ses interactions avec la population locale et avec les scientifiques. Il y a aussi l’histoire de sa liaison avec Dahlia, une belle femme étrangère et l’histoire de Lili, une prostituée indienne. Pour une raison quelconque, car je n’ai pas du tout compris son motif, Daniel développe une obsession de devoir savoir tout sur la vie de cette pauvre femme exploitée. Il lui rend visite quelques fois pour discuter avec elle. Cependant, après le départ imprévu de Lili, Daniel perd sa piste et commence à désespérer.  Mais pourquoi exactement, je ne sais pas…

La deuxième histoire est l’histoire de Campos, une communauté idéale qui se trouve dans la même vallée. C’est un petit village isolé qui fonctionne en autarcie. Les gens vivent là selon leurs propres règles sociales. L’histoire de Campos est surtout présentée par des lettres de Raphael, un jeune homme qui habite Campos. Daniel lui a rencontré pendant son voyage en car. Les deux histoires, le séjour de Daniel en Mexique et la vie à Campos raconté par Raphael s’alternent dans le livre.


Bien que je trouve le récit bien intéressant, le style de l’écriture raisonnablement attirant et la lecture plutôt facile, quelque chose y manque. Je n’ai pas vraiment compris l’objectif du récit. Je crains d’avoir raté la cohérence de tous ces événements, la lutte parmi les scientifiques, les choses d’amour du protagoniste et la vie de Raphael dans la communauté idéale de Campos. J’ai lu quelques critiques sur Babelio pour m’aider à mieux comprendre le livre mais c'était peine perdue. 

samedi 15 octobre 2016

Le passager de Jean-Christophe Grange

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C’est un livre trop épais qui comprend une histoire trop longue avec une intrigue trop compliquée et avec des circonstances trop forcées. Pourtant, je l’ai terminé assez vite, car il est aussi très bien écrit et vraiment facile à lire. C’est un ouvrage assez impressionnant bien que je trouve que la vraie tension manque et que les coïncidences soient souvent trop invraisemblables. La confusion du protagoniste et les attentats répétés sur sa vie me rappellent de temps en temps les livres de Ludlum. Quoique ce livre ne soit pas le mieux polar que j’ai lu, je suis sûr que je lirai plus de livres du même auteur.

vendredi 14 octobre 2016

L'arbre du pays Toraja de Philippe Claudel

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C’est la cinquième livre de Philippe Claudel pour moi après avoir terminé son ouvrage impressionnant « Le rapport de Brodeck ». Bien que je trouve tous ses romans assez bons et bien écrits, ils ne sont pas tellement captivants comme ce chef-d’œuvre « Brodeck ». Peut-être j’ai de trop grands espoirs…

Le livre « L’arbre du pays Toraja » ne fait pas exception. Le personnage principal, un cinéaste d’environ cinquante ans, est confronté à la maladie et finalement au décès de son meilleur ami. À la suite de cette expérience, il commence à une petite quête du rôle de la mort dans notre société. Bien que le thème du livre soit un peu lourd, la lecture reste assez légère.

Après un début du livre bien prometteur qui comprend l’histoire de l’arbre du pays Toraja, le récit perd son attirance quand même. C’est surtout le début de la liaison du protagoniste avec une jeune femme, âgée 25 ans moins que lui, qui est ennuyeux et peu vraisemblable. On pourrait encore comprendre l’homme plus vieux, mais la raison pour laquelle la jeune femme aurait un intérêt de cette liaison n’est pas du tout éclaircie. Évidemment, elle est plus jeune et elle est très belle et elle est très intelligente et douée, blablabla… C’est une histoire de la mort, alors on a peut-être besoin d’un petit contrepoids qui symbolise la vie et l’espoir, mais cette solution je trouve un peu banale. D’ailleurs, le personnage principal, je ne le trouve pas très sympathique et c’est probablement aussi pour ça que le livre ne m’a pas plu vraiment.

Philippe Claudel, cet auteur qui nous a délivré « Le rapport de Brodeck », a-t-il déjà égalé cet apogée ? pourrait-il l’égaler une fois de plus ?

jeudi 13 octobre 2016

La femme de l'Allemand de Marie Sizun

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C’est l’histoire d’une enfance difficile qui se déroule après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Marion habite Paris avec sa mère célibataire. La mère est une femme indépendante, un peu hors du commun et elle est aussi maniaco-dépressive, déséquilibrée et surtout isolée. Marion ne connaît pas son père, un soldat allemand avec lequel sa mère a eu une liaison interdite pendant l’occupation de Paris en 1944. Le soldat se serait tué plus tard en Russie. Depuis, sa mère, elle restera toute seule et pour toujours elle sera la femme de l’Allemand.

Ses parents à elle, les grands-parents de Marion, ils ont rompu tous les rapports avec leur fille à cause de cette liaison honteuse. C'est seulement Marion qui visite occasionnellement ses grands-parents, « des gens vraiment bourgeois » selon sa mère.

Bien que Marion aime sa mère profondément, elle doit se débrouiller de temps en temps quand sa mère passe une de ses crises mentales. C’est seulement plus tard, quand elle a environ seize ans, que Marion commence à s’éloigner de sa mère. Pour une raison quelconque, dans cette époque le comportement de la mère devient trop menaçant et la situation familiale s’envenime de plus en plus.

Marion raconte ses souvenirs de son enfance en grandissant et c’est aussi pour ça que l’écriture est simple et facile à lire. Malgré cela, les émotions sont convaincantes et on peut se mettre aisément dans la peau du personnage principal. La lecture est tellement captivante que j’ai terminé le livre d'un seul coup. 

samedi 8 octobre 2016

Bord de mer de Véronique Olmi

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C’est un petit livre que j’ai trouvé par accident sans déjà connaître son contenu ou son auteur. C’est l'histoire d’une mère et ses deux petits enfants qui font une excursion au bord de la mer. C'est une histoire qui semble anodine au début mais qui se développe déjà après les premiers paragraphes d’une façon embarrassante.

La sortie échoue dès le début dans une ambiance de désespoir. La mère devient de plus en plus désespérée et déséquilibrée. Il fait un sale temps, la mer s’avère orageuse et menaçante, les gens sont indifférents et désobligeants, l’hôtel est terriblement déprimant et de plus, on n’a presque pas d’argent pour acheter de la nourriture. Bref, c’est une expérience frustrante et effroyable.

L'histoire se développe inéluctablement vers un désastre redouté et inévitable. Le désespoir agrandit et la tension monte page après page. En effet, le récit prend le lecteur de plus en plus à la gorge. On commence à craindre la fin du récit dès le début et pourtant on poursuit la lecture quoique d’une façon de plus en plus péniblement.

Je trouve le livre impressionnant, bien écrit et vraiment facile à lire malgré le sujet bouleversant. Peut-être les symboles sont présents un peu à l'excès, mais au bout du compte ça fonctionne bien (une trop petite chambre d’hôtel pour loger la mère et ses enfants ensemble, le grand mur devant la fenêtre de la chambre d’hôtel qui bloque la vue, les traces de boue laissées partout où ils vont, la pluie continue, la mer houleuse et menaçante, le sentiment de la réserve et de l’hostilité de gens vis-à-vis la mère…).



jeudi 6 octobre 2016

Moyen Âge de Lagarde et Michard

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C’est le premier tome de la collection littéraire d’André Lagarde et Laurent Michard. C’est une anthologie qui vaut la peine. Les informations sur le contexte historique sont claires et les fragments littéraires présentés sont intéressants et plutôt amusants à lire.

C’est dans la deuxième partie du Moyen Âge que la langue écrite en français se développe. Jusqu’à la fin du XIe siècle, tous les textes étaient encore des textes latins. La littérature française était presque non existante, sauf quelques récits sur la vie des saints. Au début du XIIe siècle ça va changer.

Lagarde et Michard présentent d'abord le développement des chansons de geste et de la littérature courtoise. Ce sont déjà des choses intéressantes qu’on enseigne aussi aux lycéens néerlandais : la Chanson de Roland, l’histoire de Tristan et Iseut, l’histoire de Lancelot... Évidemment, on trouve aussi un exposé sur le roman de Renard.

lundi 3 octobre 2016

Tout est passé si vite de Jean-Noël Pancrazi

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C’est un roman sur les souvenirs et les réflexions sur la vie d’un écrivain juste avant son décès inévitable à cause d’une maladie fatale. Bien que le thème du livre soit un peu « lourd », j’ai pourtant aimé ce roman. L’auteur l'a construit avec de la tendresse et de la douceur pour son protagoniste. Malheureusement, j’ai eu des difficultés avec le style de l’écriture, un style que je trouve (trop) fatigant. Le texte comprend des phrases très longues qui, de temps en temps, semblent infinies. Je pense que je comprends l’utilisation de ce style, puisque des réflexions personnelles font naître toutes sortes d’associations qui se sont présentées dans une seule phrase et pour ça on trouve beaucoup des virgules. Cependant, c’est vraiment dommage, car avec des phrases moins expansives, je pense que j’aurais aimé plus le texte. Le livre a gagné le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2003.

dimanche 2 octobre 2016

Une jeunesse de Patrick Modiano

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C’est l’histoire d’Odile et Louis, deux jeunes gens amoureux, qui se déroule à Paris des années 60. C’est une histoire peu captivante ; on ne trouve pas des émotions profondes ou des événements vraiment intéressants. Je trouve le livre bien écrit mais l’approfondissement des caractères principaux manque. Par exemple, la femme, Odile, s’est abusée régulièrement par quelqu’un qui lui a promis de l’aider à sortir un disque. Évidemment, cette promesse est un mensonge qui sert pour se servir de cette jeune femme désespérée et peut-être un peu naïve.  C’est compréhensible qu’elle n’a pas osé informer son fiancé, Louis, de cet abus. Elle doit subir et accepter avec résignation cette humiliation toute seule. Curieusement, l’auteur n’a pas représenté ses pensées, ses émotions et son dégoût. Par quelques mots on peut comprendre qu’elle souffre de cet abus, mais c’est tout. C’est invraisemblable qu’une expérience comme ça resterait sans conséquences pour Odile lui-même et probablement aussi pour sa relation avec Louis ! Hélas, on n’en trouve rien du tout ; le récit continue comme rien ne s’est passé. Un livre bien distrayant mais je suis pourtant un peu déçu. 

samedi 1 octobre 2016

La littérature française au présent de Dominique Viart et Bruno Vercier

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Une anthologie de la littérature française publiée entre 1980 et 2005. Le livre offre un bilan littéraire intéressant qui s’est subdivisé en catégories thématiques, comme, par exemple, « Les écritures de soi », « Les écritures de l’histoire », « Les écritures dramatiques » et La poésie. La plupart des chapitres sont écrits très bien ; ils fournissent des informations intéressantes sur les écrivains et leurs œuvres et, en même temps, ils suscitent au lecteur l’envie de lire ces œuvres traités. J’ai apprécié surtout les chapitres sur la Grande Guerre et sur la Seconde Guerre mondial. Il y a aussi quelques chapitres qui sont plus académiques et théoriques et de ce fait moins intéressants (pour moi), comme « Écrire le réel » et « L’engagement en question ».

Cependant, le livre est un guide vraiment pratique et bien lisible pour explorer la littérature française moderne jusqu’à 2005. Je ne crois pas que l’anthologie soit complète, mais elle est assez étendue pour approfondir ses connaissances de la littérature de cette époque. Après avoir (presque) terminé le livre, ma « liste à lire » s’est agrandie fatalement…

Contours du jour qui vient de Léonora Miano

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L’histoire d’une petite fille africaine qui essaie de retrouver sa mère quelque part en Afrique dans un pays dévasté par une guerre civile. La mère lui a abandonné à son sort il y a trois années. L’enfant a survécu contre toute attente. Malgré le mauvais traitement d’autrefois, elle aime encore sa mère et elle veut vraiment rentrer à la vie familiale.

C’est une histoire sombre, racontée par la petite fille d’environ douze ans. En effet, c’est un récit sans arrêt de la pauvreté, de la superstition et de l’abus des femmes et des enfants. Bref, une histoire sérieusement déprimante. Bien que je trouve le livre bien écrit avec un style attirant et facile à lire, il n’offre pas une lecture aisée. On sait que les événements et les cruautés quotidiennes décrits sont en effet encore actuels dans certaines régions africaines. C’est probablement aussi pour cette raison que je trouve l’histoire simplement trop démoralisante pour vraiment aimer la lecture. Malgré ce sentiment, je pense que le livre est puissant qui vaut la peine. Il a gagné le prix Goncourt des lycéens en 2006.